Championne du monde et Championne Olympique, à peine 30 ans et déjà maman d’une petite Athéna, j’ai souhaité interviewer Clarisse pour son parcours de vie exceptionnel : grande prématurée à la naissance, elle se bat pour survivre dès ses 1ères minutes de vie. Engagée dans la gendarmerie, puis sportive de haut niveau, elle devient la judokate la plus titrée de l’histoire de France puis une maman épanouie !

Bonjour Clarisse, tu as déclaré que depuis la naissance de ton bébé, tu étais devenue à la fois plus puissante, mais aussi plus préoccupée, peux-tu nous parler de cette ambivalence qu’on peut toutes ressentir lorsqu’on devient maman ?
Bonjour Aude ! Oui je trouve que depuis que j’ai Athéna je suis devenue encore plus forte parce que maintenant je ne me bats non pas pour moi mais pour nous deux. Tout ce que je fais maintenant, c’est pour elle d’abord. Je veux être forte pour lui inculquer des valeurs et la protéger et à côté de ça j’ai peur jour et nuit pour elle. Je sais que je ne peux pas tout contrôler et c’est très dur ! Quand elle est malade ou quand elle a mal quelque part j’ai envie de prendre sa douleur ! Je sais que c’est la crainte de tous les parents, mais on reste fort pour eux.

Tu allaites ta petite Athéna, tu as posté une photo de toi en train d’allaiter sur les bancs de l’entrainement. La photo a fait le tour des réseaux, pourquoi c’était important pour toi de la diffuser, quel message voulais-tu faire passer ?

J’allaite ma petite Athéna depuis plusieurs mois maintenant ! Qu’est-ce que ça passe vite !
Ma fille est ma priorité. Il était vraiment important pour moi de répondre à ses besoins avant les miens ! J’ai pris cette photo pour immortaliser ce moment complètement fou : c’était drôle, ce contraste entre moi pleine de sueur entrain d’allaiter ma fille. J’ai fait une pause en plein combat parce que ma fille avait faim, je ne me suis pas posée de question, j’ai dit à mes entraîneurs que j’allais nourrir ma fille, ils ont bien évidemment accepté !
On avait déjà discuté avec les entraîneurs, avant ma reprise plus intensive, de mon désir d’allaiter le plus longtemps possible et cela avait été parfaitement accepté. J’ai mis cette photo sur les réseaux car je montre souvent mon quotidien. J’ai été surprise quand j’ai vu l’engouement que ça a provoqué et en même temps fière en lisant tous ces beaux messages de soutien !
Le message que j’aimerais passer c’est : « faites ce qui vous semble juste pour vous et votre bébé et ne vous cachez plus, ça doit devenir banal ! ».

L’allaitement, peut-être éprouvant physiquement, on a du mal à imaginer pratiquer un sport à haut niveau pendant cette période, quel est ton secret pour y arriver ?
Oui l’allaitement peut être éprouvant. Je pense que le plus difficile est qu’Athéna ne fait pas ses nuits et tète encore 3 à 6 fois dans la nuit, donc beaucoup de réveils encore avec des entraînements très intensifs 2 fois par jour. Mon secret pour y arriver c’est que je me nourris de ce moment de plaisir ! J’aime tellement allaiter, je trouve ça tellement mignon ! C’est un moment très particulier. Un moment d’amour, de douceur, de calme, de câlins ! Bon maintenant c’est aussi un moment de griffure, de mordillage… mais j’adore quand même ces moments-là !
Je me nourris de tout ça pour avoir de l’énergie dans mes journées et après c’est vrai que je dois être un peu (beaucoup) hyperactive !

Tu évoques régulièrement les tabous liés au sport féminin. Selon toi, y-a-t-’il encore de l’information à donner et des sujets à soulever ? Lesquels ?
Oui il y a encore beaucoup d’informations à donner. Je pense que tous ces tabous sont aussi très culturels et il faut donc du temps pour que cela change. Beaucoup de temps… Il y a encore pas mal de tabous, par exemple sur les règles dans le sport féminin ou le retour après maternité qui est trop peu connu et pour lequel il n’y a presque pas d’aide ni mentalement ni physiquement ni financièrement. Les inégalités de traitement persistent entre un sportif et une sportive que l’on associe pourtant comme des athlètes de quasi la même envergure… Une inégalité aussi sur le taux d’audimat pour montrer les prouesses des sportives à juste titre !

En début de grossesse, as-tu pensé directement à ta reprise sportive ? As-tu eu peur de ne pas pouvoir relever le défi ?
Lorsque j’ai annoncé ma grossesse, je n’ai pas parlé de ma reprise Sportive, elle allait se faire et je savais que j’avais le temps. J’ai eu de la chance de pouvoir tomber enceinte très rapidement. J’ai donc pu revenir à la performance tranquillement et sereinement. J’ai pensé que le mieux pour moi physiquement et mentalement c’était de vivre le moment présent et de profiter à fond de la grossesse. Je voulais voir comment j’allais accoucher (voie basse ou césarienne), et si mon enfant allait être en bonne santé pour savoir comment j’allais avancer ! Je sais d’expérience que lorsque je veux tout prévoir cela ne se passe pas toujours comme je le veux. Plus je lâche prise, mieux c’est pour moi. Surtout dans une situation comme celle-là, tu ne peux vraiment rien contrôler. J’ai donc profité de ce merveilleux moment. Ça m’a paru la meilleure solution, ça a raisonné en moi comme quelque chose de juste.

Comment gères-tu le rythme des entrainements et des déplacements avec bébé ? On sait que les soutiens familiaux ou amicaux sont très importants en post-partum. Est-ce que tu as des relais pour t’aider ?
Je m’étais toujours dit que je voulais faire cette aventure avec ma fille et écouter nos deux ressentis ! Je ne me voyais pas la laisser pour des entraînements, des stages ou compétitions parce que j’ai besoin d’elle ! Je veux continuer mon allaitement, profiter d’elle, la voir grandir et évoluer chaque jour. J’ai donc demandé à ma famille et amis s’ils étaient ok pour m’aider dans mon double projet maman et sportive de haut niveau. Ma maman, mon compagnon, mes frères et mes amies, mon agent et mes entraîneurs se relaient pour garder Athéna quelques heures avant les prochaines tétées. Je n’ai jamais voulu tirer mon lait car je veux être là pour ses besoins ! C’est ma priorité !

Merci beaucoup Clarisse, on sait que ton prochain challenge, ce sont les JO de Paris 2024, tu auras toutes les Mamans Natur’elles avec toi pour te soutenir !

Si le parcours de Clarisse vous a inspiré à la lecture de cet article, n’hésitez pas à nous le dire en commentaire et si vous cherchez du soutien pour votre maternité ou allaitement, c’est sur notre site www.maman-naturelle.com que ça se passe !