On dit souvent qu’en matière d’allaitement, deux éléments uniquement sont indispensables : un sein, et un enfant.

Et c’est bien sûr largement vrai ! Dans une très vaste majorité des cas, la mère est en capacité physique de nourrir son, ou ses enfants, exclusivement pendant 6 mois, et plus longtemps encore en parallèle d’une diversification aux rythmes de l’enfant.

Pourtant, mes années d’allaitement, d’écoute de tant de futures et jeunes mamans m’ont appris qu’il existait bien un troisième pilier essentiel à la réussite d’un allaitement.

Pour qu’une mère se sente libre, autorisée, bienvenue, accueillie, et respectée dans son allaitement, il lui faut plus que des seins et un enfant.

Elle a besoin de nous.

Oui, toi qui lis ces lignes, toi qui ne les lis pas, toi qui as allaité, toi à qui l’idée ne viendrait jamais, toi qui es assis à côté d’elle dans le bus, ou qui lui fait face dans la salle d’attente du médecin.

Toi, vous, nous, tous ensemble, nous sommes le troisième pilier de l’allaitement.

Allaiter est un choix personnel, un choix de couple, un choix de famille. Mais pas seulement.
Allaiter, c’est un choix qui dépasse la sphère intime, c’est choisir de nourrir son enfant en tant que futur citoyen d’une société bien plus large.
Allaiter, c’est une manière d’accueillir un enfant à la vie, et de lui dire « bienvenue parmi nous ».

Pour qu’il se sente attendu, respecté, il est indispensable que sa mère se sente libre d’allaiter partout, et sans entrave.
Sans avoir peur d’un mauvais regard, d’une remarque acerbe, sans avoir peur qu’on lui demande de se cacher, ou de faire patienter son enfant.
Sans devoir se justifier sur la durée de son allaitement, sans avoir à expliquer qu’un enfant n’est pas qu’un système digestif et que le lait maternel est bien plus, tellement plus que du lait.

Chacun d’entre nous pouvons choisir la manière dont cette mère va se sentir, et en lui montrant toute notre bienveillance et notre soutien, nous lui donnons la force de poursuivre cet allaitement aussi longtemps qu’elle et son enfant le souhaiteront.
Sans que leur choix, d’arrêter ou de continuer, ne soit fait, le cœur lourd, l’esprit contraint.

Allaiter partout, c’est déjà possible, bien sûr. La loi autorise une mère à allaiter partout où elle-même et son enfant ont le droit de se trouver. Un café, un restaurant, une rame de métro, un banc public…
Mais entre savoir qu’on a le droit, et se sentir autorisée, il y a souvent un monde.

En faisant chacun un pas vers les autres, avec bienveillance, nous aidons chaque jeune mère à se sentir à l’aise pour allaiter partout, à avoir confiance en elle, à rester à l’écoute de son enfant, à prendre la mesure de la puissance de son corps et de son amour.

C’est notre rôle à tous, chacun et chacune, grands-parents, frères, sœurs, pères, mères, pour construire la société dans laquelle les enfants d’aujourd’hui pourront s’épanouir.

Nous sommes le troisième pilier de l’allaitement, et plus largement, du maternage. Quand les mères se sentiront vraiment toutes à l’aise pour allaiter partout, sans contrainte, tirer leur lait sur le lieu de travail, ou encore faire accepter leur lait à la crèche, par exemple, alors je suis persuadée que la parole se libérera sur d’autres sujets, souvent encore tabous.

Le sommeil partagé, la non-violence, l’éducation positive… autant de questions encore bridées qui ne demandent qu’un sourire, qu’un regarde bienveillant pour éclore dans notre société.

Soutenons l’allaitement maternel partout, et changeons le monde… une tétée à la fois !

Marion McGuinness – Auteure et Traductrice à retrouver sur sa page Facebook.