Accoucher à la maison : qu'est-ce que l'AAD ?

De plus en plus de parents s’intéressent à l’accouchement à domicile. Loin de l’univers hostile et médicalisé de la maternité, accoucher à la maison présente de nombreux avantages : confort, confiance, travail physiologique… Mais est-ce que l’accouchement accompagné à domicile est fait pour tout le monde ? À quelles conditions répond l’AAD et comment cette pratique tend à se démocratiser en France ? Réponses dans cet article.

L’accouchement à domicile : zoom sur l’AAD

Qu’est-ce que l’AAD ?

L’AAD est l’acronyme pour désigner l’accouchement accompagné à domicile. Aujourd’hui, les femmes sont en mesure de choisir la manière dont elles souhaitent mettre au monde leur enfant, et, accoucher à la maison en fait partie. Pour décrire l’accouchement à domicile, on parle alors d’un accouchement physiologique et non médicalisé qui respecte le rythme de la mère et du bébé. Il s’effectue sur le lieu d’habitation des parents et est encadré par une sage-femme. Mais au-delà de la naissance en elle-même, l’AAD c’est aussi de l’accompagnement. Le couple est suivi par une sage-femme du début de la grossesse jusqu’au retour de couche. On parle d’un accompagnement global et physiologique.

Or, il est malheureux de constater qu’encore aujourd’hui, l’accouchement à domicile est difficile d’accès, car peu encouragé. Les parents souhaitant s’orienter vers ce type d’enfantement auront plus de difficultés à trouver une sage-femme, car L’AAD est une pratique encore marginalisée et soumise à de nombreux préjugés. Toutefois, une association tente de redorer son image en informant les parents et en rassemblant les sages-femmes désireuses de pratiquer ce type d’accompagnement. Il s’agit de l’APAAD (association professionnelle d’accouchement à domicile).

Leur vocation est multiple :

  • offrir une reconnaissance et une légitimité à ce type d’accouchement ;
  • accompagner les femmes et les familles qui veulent réaliser un projet de naissance à domicile ;
  • favoriser l’intégration de l’accouchement accompagné à domicile dans l’offre de soins française.

L’AAD en quelques chiffres

  • 65 sages-femmes libérales françaises pratiquent les AAD
  • 1298 femmes suivies en vue d’un AAD
  • 1081 ont effectivement débuté le travail à domicile
  • 934 ont effectivement accouché chez elle
  • 147 ont dû être transférées en cours de travail dont 93 pour non progression de la dilatation ou de la descente du bébé

👉 Pour découvrir les chiffres de l’association professionnelle de l’accouchement accompagné à domicile (APAAD) pour l’année 2019, n’hésitez pas à consulter le rapport complet.

Les prérequis pour accéder à l’AAD

Même si accoucher à la maison peut faire rêver beaucoup de parents en quête d’un enfantement naturel et physiologique, ce type d’accouchement n’est malheureusement pas accessible à tous les couples.

L’une des conditions pour pouvoir le pratiquer, c’est l’état pathologique de la femme. Si votre grossesse est « à risque » ou présente une quelconque complication du type diabète gestationnel ou hypertension, ce projet vous sera refusé, au même titre que si vous attendez des jumeaux. La position du bébé à l’approche de la naissance est également un critère à prendre en compte pour pouvoir donner naissance chez soi. Enfin, si votre enfant se présente en siège, il est possible que l’on vous réoriente vers une maternité.

Ces conditions ont été établies dans un seul but : protéger la mère et son enfant d’un potentiel risque. À travers l’accouchement à la maison, l’idée est de faire vivre aux parents une expérience magique et naturelle. Les sages-femmes s’assurent alors que le projet et l’état de santé de la future mère soient respectés pour garantir un accouchement sans danger.

© L’art de l’enfantement

4 raisons qui poussent les parents à accoucher à la maison

Reprendre possession de son accouchement

Beaucoup de couples qui ont accueilli leur enfant chez eux vous diront qu’ils ont choisi l’AAD pour reprendre le contrôle de leur enfantement. Sans en faire une généralité, l’accouchement médicalisé en maternité porte l’inconvénient de destituer la femme dans son rôle de mère qui enfante. Autrement dit, elle n’est plus actrice de son accouchement, mais devient spectatrice, surtout si le choix de la péridurale s’impose. Pour certaines mamans, c’est une volonté, et c’est respectable (pas de jugements). En revanche, pour d’autres, la volonté de ne pas être assistée, mais guidée est réelle.

Pour ça, l’accouchement à domicile est une manière de redonner le pouvoir à la mère. Sur les conseils, le soutien (physique et moral) de la sage-femme, de la Doula et de l’accompagnant, la mère peut partir à la rencontre de ses résistances, de sa douleur et de son enfant sans jugements et dans le respect de ses besoins.

Favoriser le travail physiologique

Vous avez eu une expérience mitigée en maternité et souhaitez privilégier le travail physiologique ? Alors, l’accouchement à la maison peut être une réponse. Même si la sage-femme fera tout pour créer un climat de confiance, il n’empêche que des complications physiques peuvent survenir. Dans ce cas, il ne faut pas ignorer le transfert en maternité. 

Dans le cadre d’un AAD, ce sont les méthodes douces, les massages, la communication et la bienveillance qui sont privilégiés. La sage-femme dispose tout de même du matériel médical d’urgence (monitoring, oxygène, perfusions, médicaments) pour assurer la sécurité de tout le monde.

Trouver un lien de confiance

Pour certains parents, la raison de s’orienter vers l’AAD repose sur le lien de confiance. Lorsque l’on attend un enfant et que l’on se prépare à accoucher en maternité, on peut être inquiet face à l’équipe médicale sur laquelle on va tomber. Accoucher à la maison signifie que l’on connait son environnement, mais aussi la sage-femme qui nous suit depuis le début de la grossesse. Le climat de confiance, le lien et la proximité sont des facteurs qui accentuent et favorisent le travail naturel, propice à un enfantement physiologique.

Partager l’accueil du bébé en famille

Si vous êtes déjà parent d’un ou plusieurs enfants, vouloir vivre cet évènement en famille peut être une bonne raison de vouloir accoucher à la maison. En effet, dans le cadre d’un accouchement classique, seul l’accompagnant est disposé à assister la mère. Les enfants doivent donc attendre la première visite ou le retour des parents. Ce contexte parfois austère peut provoquer de la frustration pour certains couples. L’AAD s’avère donc être une bonne alternative pour vivre avec sa tribu la venue d’un nouvel être au sein de la famille. L’amour et l’énergie de chacun peut avoir comme effet de booster la mère en lui donnant confiance et détermination.

Donner naissance chez soi : ce qu’il faut savoir en pratique

Le choix de l’accompagnante

Comme vous l’aurez compris, l’AAD est peu répandu en France. Seulement 60 sages-femmes sont aujourd’hui répertoriées pour pratiquer ce type d’enfantement.  Cela rend son accessibilité plus difficile qu’un accouchement traditionnel. Mais, c’est possible !

Si votre volonté est ancrée et votre projet défini, vous pouvez vous rapprocher de l’annuaire de l’ordre des sages-femmes qui répertorie les sages-femmes libérales, et ce, dès le début de votre grossesse. Il vous faudra trouver parmi les 60 pratiquantes celle qui vous accompagnera. Attention, certains départements sont dépourvus en personnel qualifié. Par conséquent, cela contraint certains couples à renoncer à leur projet.

Enfin, en plus d’une sage-femme libérale, vous pouvez vous faire accompagner par une Doula. Cette accompagnatrice à la naissance est là pour vous soutenir physiquement et moralement dans votre projet de naissance et votre accouchement. En revanche, elle n’intervient pas sur le plan médical (contrairement à la sage-femme).

Accoucher à la maison le jour J

Lors de l’accompagnement, votre sage-femme vous préparera à reconnaître les premiers signes du travail. Une fois la marche enclenchée, vous la contacterez pour qu’elle vous rejoigne chez vous. Étant d’astreinte pour vous 24h sur 24 un mois avant la fin de la naissance présumée, vous serez rassurée de la voir disponible. La sage-femme a pour rôle de mettre tout en œuvre pour que la fluidité de la naissance de votre bébé soit respectée. Elle assure aussi la sécurité médicale tout en pratiquant le moins de gestes techniques possible. Enfin, elle observe et laisse du temps. Elle est là uniquement pour vous et a confiance en vous, en votre corps et en votre bébé.

© L’art de l’enfantement

Le post-partum après l’AAD

L’avantage de donner naissance chez soi, c’est que contrairement à un suivi classique, les parents qui choisissent l’AAD bénéficient d’un accompagnement global. Cela se traduit par la présence de la sage-femme en post-partum.

Souvent, les parents se sentent seuls après la naissance de leur enfant, voire désemparés. Le 4e trimestre de grossesse n’est pas encore perçu à sa juste valeur, pourtant il est capital pour éviter à la mère de faire une dépression post-partum ou pour rassurer le couple dans leur rôle de nouveau parent.

Après un accouchement à la maison, vous ne perdez pas vos repères, car vous êtes chez vous, avec les vôtres, dans votre environnement. Vous vous sentez alors plus en confiance et libre d’agir comme votre instinct de mère vous le dicte. La sage-femme qui vous a accompagné reste également disponible à tout instant et vient vous rendre visite au rythme qui vous convient. Si vous avez une question, un doute ou un coup de mou, vous pouvez l’appeler, elle saura se rendre disponible, car cela fait partie de son accompagnement. C’est aussi elle qui remettra directement le certificat de naissance à présenter à votre mairie.

Vous avez le projet d’accoucher à la maison ? Vous voilà maintenant informé sur l’AAD et ses prérequis. Avant de vous lancer dans ce projet d’accouchement physiologique, veillez à vous informer si une sage-femme libérale de proximité peut vous accompagner dans cette démarche. Ensuite, vous n’aurez plus qu’à vous laisser guider vers cette merveilleuse aventure qu’est de mettre au monde son enfant chez soi !

⏩ Et vous, avez-vous déjà vécu un accouchement à domicile ? Si oui, racontez-nous votre expérience en commentaire 🙂

Source :

https://www.apaad.fr/wp-content/uploads/2020/11/RAPPORT-2020-CONSOLIDE.pdf

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